Une fois encore, tout le savoir-faire du vigneron est requis. De ce procédé mécanique et obligatoire dépendent la quantité et la qualité du raisin vendangé, donc la qualité de l’eau de vie de cognac. Depuis les années 1960, le vignoble traditionnel en vignes basses et étroites s’est transformé en vignes hautes et larges, ce qui a permis de limiter les dégâts du gel et de désherber plus facilement le dessous des rangs. Par ailleurs, les rangs de vignes plus larges ont facilité la mécanisation et diminué les coûts de production. La taille de la vigne a donc dû être adaptée pour conserver un rendement suffisant. Et celle-ci continue d’être pratiquée à la main.
- Pourquoi tailler ?
La vigne est une liane forestière qui a tendance à s’allonger indéfiniment et qu’il est obligatoire de tailler, ne serait-ce que pour pouvoir circuler entre les rangs de vigne. Sans taille, une vigne produirait de nombreux raisins, mais petits et acides, ce qui nuirait à la qualité du vin. Tailler la vigne, c’est donc assurer une bonne récolte de raisins mais aussi la pérennité du pied de vigne. La taille permet en effet de former la souche, de réguler le nombre et le volume des grappes de raisin à venir, ainsi que de limiter le nombre de bourgeons, dans le but d’adapter la vigne aux possibilités de son milieu. Ainsi, la taille n’est pas la même selon le vin attendu, le climat et le terroir où elle pousse.
- Comment tailler ?
Si la taille est obligatoire tous les ans, tous les modes de taille sont autorisés pour le Cognac. La taille traditionnelle est le Guyot double attaché en arcure ou à plat. On conserve de chaque côté du cep de vigne un long bois de 8 à 10 bourgeons, et éventuellement un courson de deux yeux. Les longs bois sont attachés en arcure sur deux fils ou à plat sur un fil. On parvient ainsi à laisser une charge d’environ 60 000 yeux par hectare, sachant que le nombre d’yeux francs à l’hectare est limité à 80 000.
Certains procèdent aussi par tailles courtes en cordons, qui ont l’inconvénient de faire vieillir plus rapidement les ceps. On peut ainsi trouver des cordons bas palissés et des cordons hauts non palissés.
Actuellement, deux modes de taille se développent : l’arcure haute, qui est une taille longue non palissée alliant aux avantages de la taille longue (fertilité, longévité) l’économie du relevage ; l’alternance, une année sur deux, d’une taille longue attachée à plat avec une taille en coursons. Chaque année le pré-taillage peut ainsi être appliqué sur la partie de l’exploitation taillée en coursons.
- Quand tailler ?
En théorie, la taille peut commencer dès que les feuilles sont tombées, à partir du mois de novembre, mais une taille précoce expose aux risques de gelées. Plus la vigne est taillée tôt, plus son cycle végétatif sera précoce, plus les bourgeons écloront tôt et risqueront d’être exposés au gel. Les gelées étant fréquentes au début du printemps, il importe de retarder au maximum la taille, afin que les bourgeons éclosent plus tard, lorsque les températures plus chaudes limiteront le risque de gelée. Mais il ne faut pas tailler une fois les premiers bourgeons éclos car cela entraînerait une perte de rendement et une diminution de la production de bois, une partie de la sève montante étant alors perdue dans la partie des sarments taillés.
Une fois de plus, pour obtenir un bon cognac, tout est question de mesure et de savoir-faire !